On dit que “les Belges ont une brique dans le ventre”, car ils ont tendance à investir dans l’immobilier en pensant que louer c’est jeter l’argent par les fenêtres. Et en Belgique, c’est sans doute justifié car l’immobilier a tendance à gagner de la valeur avec le temps.
Au Japon par contre, ce n’est pas évident. Au contraire. (C’est la raison du point d’interrogation dans le titre de cet article: est-il possible de bien acheter au Japon?) Il y a plusieurs raisons à cela:
1. Les maisons au Japon sont soumises à rude épreuve: climat très humide, tremblements de terre, “fourmis blanches” (シロアリ shiro-ari) et j’en passe. Leur durée de vie s’en trouve donc réduite, et il n’y a pas de système fiable d’inspection des maisons remises en vente.
2. Les maisons neuves “clé-sur-porte” construites à la chaine (建売 taté-uri) ne sont pas faites pour durer: construites “à la va-vite” avec des matériaux bon marché. On dit qu’une maison de 30 ans ne vaut plus rien au Japon: on ne peut compter que le prix du terrain. (Il y a bien sûr des exceptions: j’ai visité ces derniers-temps une maison traditionnelle japonaise, faite de bois de qualité qui malgré ses 25 ans était comme neuve et pourrait encore être habitée pendant plus de cent ans).
3. La maintenance des maisons ne fait pas partie de la culture au Japon: les gens habitent la maison, mais “oublient” qu’il faut parfois l’entretenir, la repeindre, réparer les murs ou la toiture, etc. Lorsqu’une maison est rénovée (les japonais utilise le terme “réforme” リフォーム), c’est presque toujours via une société spécialisée, rarement par les particuliers, ce qui allourdit les couts.
4. Les japonais aiment ce qui est neuf. Ca peut paraitre idiot, mais c’est vrai: les gens sont moins sensible au fait que le bâtiment a une histoire, et bien sûr, à cause des raisons énoncées au point 1, il est risqué d’acheter une maison ancienne (qui pourrait avoir des vices cachés). Et c’est accentué par les agents immobiliers, qui privilégient les constructions neuves.
5. Le “trou noir de l’immobilier” (merci à Alban pour le lien!). En gros: il y a une baisse de la demande (faible démographie) et une augmentation de l’offre de logements (neufs), conduisant à une chute des prix des biens immobiliers anciens.
Alors, dans cette situation, est-il possible d’acheter un bien immobilier sans qu’il perde de sa valeur? Cela n’a pas l’air gagné. (D’ailleurs ici, au Japon, les banques refusent de considérer la maison comme gage du prêt: il faut soit travailler pour une grosse entreprise, soit avoir une solide assurance-vie…)
La valeur d’un bien immobilier aux yeux des japonais est très liée aux facteurs suivants:
- Accessibilité: distance de la gare la plus proche
- Superficie: l’espace est apprécié (quoique beaucoup de japonais sont résolus à vivre dans un espace beaucoup plus étroit qu’en Europe)
- Nouveauté: comme expliqué plus haut, le neuf est très apprécié
Or comme la superficie ne change pas, et la nouveauté se perd au fil des années, il reste l’accessibilité. Celle-ci ne change pas non plus me direz vous, à moins que… le quartier se développe, une nouvelle gare se construise (ou bien une petite gare existante prenne de l’importance), des écoles, des supermarchés se construisent. Mon idée est donc que la seule issue au problème de la perte de valeur de l’immobilier au Japon est de trouver les quartiers qui vont se développer. Acheter un bien à prix raisonable et l’entretenir au mieux, en misant sur l’expansion de la ville.
Notez que je ne suis qu’au début de mes recherches, donc si vous avez des info ou conseils, je suis preneur!