Quand j’ai commencé à travailler dans cette compagnie au Japon, j’ai été supris lorsque toutes les lumières se sont éteintes a midi pile, pour se rallumer 1 heure plus tard, à la fin de la pause de midi. Mais ce n’est rien:
Voilà qu’à partir d’aujourd’hui, une petite cloche se met à sonner (ça me rappelle l’école), et une voix enregistrée annonce quelque chose comme ça: “en préparation au travail de l’après midi, veuillez bien vous reposer pendant la pause de midi; les lumières s’éteingnent automatiquement, merci de votre coopération et bon repos”. Non mais, y nous prennent vraiment pour des gamins… C’est fou! Outre cela, ce petit cinéma m’inquiète pour deux raisons.
La première: les japonais sont tellement workaholic (je ne connais pas l’équivalent en Français), qu’ils sont incapables de décider de prendre leur pause. C’est vrai, j’en connais plus d’un parmi mes collègues qui ne prendraient pas ou peu de pause s’il n’y étaient pas contraints (et encore, il est possible de travailler dans le noir…). C’est comme l’invention des “yûkyû shutoku suishin-bi” 有給取得推進日 = “jours de congés conseillés”: On propose gentiment aux gens de prendre congé ce jour-là, comme ça ils ne seront pas tout seuls à prendre congé (une hantise japonaise), et ils ne devront pas chercher d’excuse (et sinon, de toute façon, ils ne prendraient pas congé du tout).
La deuxième chose qui m’inquiète est que les gens deviennent de véritables petits automates, sans volonté ou capacité de jugement. On doit leur dire ce qu’il doivent faire, même pour les choses essentielles, comme se reposer. Mon épouse me racontait l’autre jour que dans l’éducation d’un enfant, il est important de ne pas toujours adopter le ton impératif: “fais ci, ne fais pas ça”, car cela enlève à l’enfant sa liberté et l’empêche d’apprendre à discerner lui/elle-même ce qui est bon pour lui/elle. C’est frappant comme on peut se complaire dans un petit monde où il y a toujours quelqu’un pour nous dire ce que nous devons faire.
Evoluons, bon sang: laissez-nous prendre notre pause de midi quand on veut, comme des grands!